La crise de 2007 – 2010 remet au centre du débat la nature de la monnaie et de sa création. Assimilée à une dette pure depuis l’abandon de l’étalon or en 1971, la monnaie s’avère un crédit mutuel entre Etats à une vitesse de remboursement forcé (taux d’intérêt). Au sein de la zone Euro, cela produit des tensions avec la Grèce en 2010 qui dépasse son quota de crédit par rapport aux autres Etats de la zone.
Mais la monnaie est aussi un crédit alloué de façon arbitraire par les Banques aux Entreprises ou aux Individus Consommateurs (exemples : crédit à la consommation, crédit à l’achat immobilier).
Ainsi dans le système de monnaie Euro en vigueur en 2010, la totalité de la monnaie existante est inférieure à la totalité de la monnaie due (principal + intérêts) au système Bancaire Central et Privé, ce qui mécaniquement ne peut que conduire à des crises puisque les dettes ne peuvent jamais être remboursées.
Le WIR suisse consiste en un crédit mutuel inter-entreprises.
Les SEL quant à eux ont résolu le problème de création monétaire en allouant un crédit mutuel strictement égal à l’ensemble de leurs membres soit sous la forme d’un crédit fixe (crédit mutuel fixe), soit sous la forme d’un crédit mutuel progressif (Dividende universel, comme le SCEC en Italie).
Pour revenir à la Zone Euro l’essentiel de la monnaie circulante a son équivalent en dette d’Etat, qui décide à la place des Citoyens de son allocation première…
Etat | Population (millions) | Dette 2010 (milliards d’euros) | Monnaie émise / Citoyen |
---|---|---|---|
Grèce | 11 | 300 | 27272 € |
France | 65 | 1500 | 23076 € |
Allemagne | 82 | 1700 | 20731 € |
Italie | 60 | 1700 | 28333 € |
Espagne | 46 | 680 | 14782 € |
Autriche | 8,4 | 280 | 22380 € |
Belgique | 11 | 207 | 18818 € |
Finlande | 5 | Introuvable | ? |
Irlande | 4,4 | Introuvable | ? |
Pays Bas | 17 | Introuvable | ? |
Luxembourg | 0,5 | Introuvable | ? |
Portugal | 10,7 | Introuvable | ? |
Slovénie | 2 | Introuvable | ? |
Slovaquie | 5,5 | Introuvable | ? |
Chypre | 0,8 | Introuvable | ? |
Malte | 0,4 | Introuvable | ? |
Les valeurs des dettes publiques restent très difficiles à trouver, souvent exprimées en % du PIB, ce qui oblige à trouver le PIB, qui lui même est exprimé en $ alors que les pays de la zone euro sont endettés évidemment en euros, ce qui oblige à regarder les dates de ces trois données, pour appliquer les taux de conversions voulus. Il est très étonnant qu’une donnée aussi fondamentale ne soit pas plus clairement indiquée alors même qu’elle est cruciale pour toute l’économie et l’équité des échanges tant macro que micro-économique, puisque la quantité totale de monnaie en circulation influera fatalement sur les prix.
La façon habituelle (des soit disant “journalistes”), de présenter la dette sous la forme d’un % du PIB est une façon de présenter la monnaie comme relative à une “production de richesse” très bidon, qui n’a de richesse “réelle” que ce que les bulles financières veulent bien lui donner comme réalité.
Puisque le PIB se calcule en monnaie, il est évident que la monnaie émise donne un prix aux biens échangés dans cette même monnaie, et donc augmenter la quantité de monnaie augmentera le PIB, et inversement ne pas augmenter la quantité de monnaie dans la zone économique (ou l’assécher), contractera le PIB (avec effet retard).
Une autre dénomination pour “bulle financière” c’est : désir de richesse. Est-ce un désir global de la somme de chacun des citoyens, ou le désir factice et faux de ceux qui possèdent le pouvoir de création monétaire ?
Le problème n’est donc pas de se demander combien de création monétaire, le problème c’est quelle création monétaire ? Pour qui ? Comment ? Sur la base des Etats, des Banques, ou des Citoyens ? De façon équilibrée ou de façon centralisée ? De façon scientifiquement mesurée et contrôlée, ou de façon péremptoire, trompeuse, et spoliatrice ?
L’homme ne sortira des crises financières cycliques, que le jour où il considèrera chacun de ses concitoyens comme son parfait égal devant la création monétaire.
Bonjour,
Ravi de lire votre post qui m’a fait comprendre ce qu’était les SEL (dont j’avais entendu parler) et le lien qu’il y a entre ceci et la discussion sur la création monétaire “privée/publique”.
J’en profite pour vous signaler celui-ci, de l’économiste Alain Grandjean qui soutient la monétisation de la dette pour réagir aux crises actuelles et qui rejoint votre vision originale de l’utilisation citoyenne de la monnaie.
http://alaingrandjean.fr/2010/05/04/monetiser-la-dette-publique-oui-mais%E2%80%A6/
Et je vais suivre ce passionnant blog dorénavant.
Cordialement,
Pablus