DSK, président du FMI a lui même annoncé la “guerre des monnaies”… De quoi s’agit-il ? Il fut un temps où l’on appelait ça “dévaluation compétitive” entre pays européens, avant que l’euro ne soit mis en place…
Comprenons bien… Le “quantitative easing” déployé par les Banques Centrales, consiste en un rachat “d’actifs” (en fait d’actifs beaucoup de “crédits pourris” et autres “créances douteuses”, consistant à renflouer les Banques, comme si l’artisan se voyait racheter les avances qu’il aurait octroyé à ses clients, dont il savait dès le départ qu’ils étaient incapables de le payer), qui in-fine conduit à injecter “plus de monnaie” dans l’économie. En effet les Banques Centrales sont “prêteurs en dernier ressort”, et n’ont pas de limite ou d’effet de levier prédéfini qui limiterait leur action…
Imaginons deux communautés C1 et C2 possédant chacune leur propre système monétaire. Elles font circuler M1 et M2 comme masse monétaire dans leur circuit. Puis C1 et C2 se rendent compte qu’elles ont des échanges à se faire entre elles, mais ne bâtissent pas de monnaie commune pour cela, elles achètent avec leur propre monnaie. Imaginons alors que C1 se trouve en déficit par rapport à C2, alors M1 va décroître de dF1 dans C1, tandis que C2 va se voir doter d’un surplus monétaire M2 + dF1…
Mais voilà que dF1 prend des proportions trop importantes… et atteint par exemple 50% de M1, C1 ne voit plus alors tourner que 50%*M1 dans sa communauté, ce qui provoque une déflation locale catastrophique de sa monnaie, détruisant l’investissement, les emplois, la création de richesses internes… Elle vit pendant ce temps “sur le dos” de C2…
Alors C1 décide pour “rester en vie” d’imprimer plus de monnaie… dQ1, lui permettant de continuer à acheter les biens produits par C2. Tant que dQ1 reste faible, tout va bien et l’intertie joue à fond…
Mais dès que dQ1 va devenir important, par exemple égal au M1 initial, alors il faut faire un bilan ! Nous avons 2M1 dans l’économie, M1 dans C1, et M2+M1 dans C2 ! Mais alors ça signifie que la monnaie M1 est en quantité double ! Et que donc cette monnaie est fortement dévaluée par rapport à M2. C2 va-t-il accepter longtemps cette situation où elle travaille en échange d’une monnaie qui se crée au fur et à mesure ?
Non ! Il arrive un moment, un virage, une inversion du processus où la dévaluation de M1 consécutive à son inflation quantitative, va inciter C2 à réinvestir sa monnaie M1, à s’en débarrasser en échange d’actifs plus “tangibles”…
Mais sur le long terme n’est-ce pas là quelque chose de “normal” ? C1 a acheté pendant longtemps les biens produits par C2, il est normal qu’il arrive un point où C2 obtienne sa contrepartie, et achète à son tour, avec l’épargne ainsi accumulée des biens produits ou possédés par C1. Si C1 a attendu trop longtemps pour dévaluer sa monnaie, alors son industrie étant affaiblie le choix pour C2 sera plus faible, mais sans doute plus profitable car seules les activités les plus fondamentales seront encore là. Et si C2 attend trop longtemps pour réinvestir son épargne, et bien celle-ci ne vaudra plus rien si C1 met en route une inflation très importante et très brutale.
Ensuite, un nouvel équilibre monétaire s’est alors installé, et par exemple on peut voir s’établir sur la base de l’inertie des actes d’achat de l’investissement initial une inversion du processus qui se met en place pour un nouvelle période…
Après ce scénario il deviendra évident que pour la suite, C1 et C2 devraient s’accorder sur le fait qu’il n’est pas sain d’avoir des périodes trop longues de déficits unilatéraux pour l’une ou l’autre des communautés, et il conviendra alors de mettre en place un système de compensation commun plus équilibré dans le temps, et qui sur le long terme ne pourra que conduire à la création d’une monnaie commune.
Ce scénario a été maintes fois exécuté en Europe avant la création de la zone euro, et c’est ce qui se passe actuellement, en gros, entre l’Europe et les USA comme C1, et la Chine comme C2, où nous sommes en pleine phase de quantitative easing. Le point d’inversion sera atteint à un moment où un autre, et ce sera alors le moment de la définition d’un nouveau point “d’équilibre” temporaire, et/ou de la redéfinition au niveau mondial des systèmes monétaires, pour éviter ces effets cycliques qui se font toujours au détriment de la population qui en subit les effets du fait de l’asymétrie de l’information et de la création monétaire.