Dans “les 4 arguments du Dividende Universel” je défendais en argument premier le fait que chaque zone économique, définie par la monnaie commune qui l’anime est la co-propriété globale de ses citoyens. Ceci exprime le fait que chaque nouveau né en tant que co-propriétaire en hérite, et qu’à ce titre il est en droit d’en percevoir un Dividende, qui n’a de sens qu’en regard de la mesure de sa richesse globale, qui est en rapport avec la masse monétaire.
Or, je ne me doutais pas que cette notion était déjà abordée au sein de la “clause lockéenne“. Cette clause, développée par un précurseur des lumières, John Locke (1632 – 1704), est à l’origine du libertarisme de gauche. Elle précise que la propriété privée ne peut exister qu’en regard d’une compensation pour les citoyens, qui se voient ainsi privés de leur accès à la terre originelle, quand, et c’est le cas lors de chaque grande crise pré-révolutionnaire, cette propriété atteint des niveaux relatifs tels (plus de 80% de la totalité, comme dans le cas modèle des latifundios Espagnols et Sud Américains), qu’elle en étouffe la liberté individuelle.
En quelque sorte le libertarisme de gauche qui affirme la liberté et la propriété individuelle, comprend aussi que la globalité ne saurait être la propriété exclusive de quelques uns au détriment des autres sans compensation. Il affirme donc une double propriété inaliénable, celle de la globalité comme étant non privatisable en totalité, et celle de l’individu comme étant irréductible. Cette double nature de la propriété qui implique la compensation, est la raison même du Dividende Universel.
France Culture a enregistré une émission complète sur ce sujet, qui résume et explique parfaitement l’ensemble de ces notions fondamentales. Je vous invite donc à l’écouter et à le méditer dans ses moindres aspects, car à mon sens, il s’agit là du point clé du changement de paradigme qui doit diriger les choix politiques à venir, parce qu’il dépasse le clivage droite-gauche, en proposant, sur la base du Dividende Universel, de concilier propriété privée et propriété collective, choix démocratiques de politiques sociales, et liberté individuelle.
Bonsoir Stéphane, c’est aussi là le postulat de base de Henry George qui prônait l’abolition de toute taxation du travail et soutenait que la terre devait faire l’objet d’un impôt unique sensé les remplacer.
Connait tu les travaux de Clifford Hugh Douglas ? Puis-je te demander ce que tu en penses ?
Pierre
Bonsoir Pierre. Voir le premier post du blog ! http://www.creationmonetaire.info/2009/01/lle-des-naufrags.html
Bonjour Stéphane,
Très intéressé par ta théorie, j’ai décidé de la creuser un peu plus et de la promouvoir comme solution possible dans un travail que je réalise pour un cours d’éthique économique.
Peux-tu me dire si ma compréhension des 4 libertés du logiciel libre transposées au système monétaire libre est correcte :
– Liberté de modification démocratique : cela signifie que j’ai la possibilité de soumettre ou de réaliser des améliorations au logiciel gérant la TRM : genre ucoin ou opneudc. est-ce bien cela la “Liberté de modification démocratique” ? ou alors parle-t-on de la modification démocratique d’autre chose ?
– Liberté d’accès aux ressources : selon la clause lockéenne, cela veut il dire que on peut accéder librement à la monnaie TRM mais attention pour autant qu’on en laisse “enought and as good” pour les autres ? ou alors parle-t-on d’autres ressources auxquelles on a accès librement ?
– Liberté de production de valeurs : cela veut-il dire que comme on peut obtenir de la monnaie trm inconditionnellement, cette dernière nous permettrait en nous donnant les moyens de vivre sans dépendre d’un salaire de créer n’importe quelle valeur alors qu’aujourd’hui je ne recevrai pas d’€ si la banque, les clients ou l’employeur ne valorise pas à mon projet, est-ce correct ?
– Liberté d’échange « dans la monnaie » : parce que la monnaie TRM est dématérialisée et très facile à collecter puisqu’elle est fournie inconditionnellement et universellement à chacun, on aura cette possibilité ou liberté d’échanger dans la monnaie TRM contrairement au dollars en europe qui ne permet pas de faire des échanges en europe ?
Voila, plus j’écris, plus je suis confus en fait… Je comprends très bien les 4 libertés pour le logiciel libre mais la transposition à la monnaie n’est pas claire…
je te remercie d’avance de tes éclaircissements…
Thomas
Je pense que ce qui est exprimé comme suit est plus clair et correct, qu’en penses-tu ?
“Les quatre libertés qui doivent être associées à un système monétaire libre :
– Liberté de choix du système monétaire et possibilité de faire évoluer le système monétaire qu’il utilise, conformément aux règles ou aux principes généraux qui permettent cette évolution ;
– Liberté d’accès aux ressources économiques et monétaires appliquant la clause lockéenne;
– La liberté d’estimation et de production de toute valeur économique. Laborde appelle aussi cette liberté « le principe de relativité économique » qui établit il n’y a pas de valeur économique absolue, pas d’être humain qui soit légitimement en mesure de définir ce qui est valeur ou non-valeur
pour les autres êtres humains, ni dans l’espace (entre êtres humains présents), ni dans le temps (entre êtres humains distants dans le temps).
– Liberté d’échange « dans la monnaie ». Cela signifie que l’individu peut donc comptabiliser, chiffrer, calculer, afficher, dans l’unité monétaire qu’il a choisie.”