La BCE vient de publier son bilan mensuel monétaire, que je m’empresse de vous traduire graphiquement comme chaque mois.
La croissance de M3 est bien repartie dans le positif. Nous sommes là sur un niveau de près de 1,4 % / 12 mois. La monétisation des dettes des pays en ligne de front que sont la Grèce, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal prend le relais de la pyramide de ponzi des crédits bancaires. Sans cela ce serait l’effondrement. Mais sauf à comprendre ce mécanisme de cause à effet forcé quadri-décennal, un long effet de traine, où le travail paye la rente des créateurs de fausse monnaie, ce qui se passe est difficilement compréhensible.
Pour éclairer votre lanterne, vous devez réfléchir à la place de quelqu’un qui possède beaucoup de cash, ou d’obligations (=quasi cash), dans une période de fin de cycle, où l’on remonétise avant le cycle suivant. Il s’en débarasse, pour aller vers des actifs matériels non dupplicables (ou des monopoles, ce qui revient au même).
Il y a par ailleurs du nouveau, parce que la BCE a décidé une augmentation de son capital pour le doubler. Ca n’a évidemment aucun “coût” pour les Etats. Les Etats émettent de la dette, reçoivent du cash, augmentent le capital de la BCE, qui peut alors racheter plus de dettes… Pfff… Les commentaires à ce sujet me laissent pantois tellement c’est bête.
C’est évidemment avant tout une action politique.La BCE demande aux Etats de redéfinir leurs rapports économiques, et donc leur politique de monnaie commune, ce qui très couramment se fait avec une augmentation de capital à la clé, qui donne les moyens de la mettre en oeuvre. La BCE n’a pas le même statut que la FED qui existe depuis beaucoup plus longtemps, dans un pays unifié. La BCE est récente, et l’Europe est loin d’être unifiée. Donc les décisions de mettre la même monnaie pour tous plus ici que là, favorisant tel ou tel pays au détriment des autres, a un impact politique. On peut comprendre que l’Allemagne ait un problème à permettre que les autres pays s’endettent toujours plus, pour acheter le produit de son travail. Pourtant c’est la décision d’élargissement de la zone qui mène à un lent équilibrage des déficits publics (= mesure de la création monétaire Etatique). Et il fallait être naïf pour penser que ça pouvait converger sans passer par des crises.
Ce qui m’étonne ce n’est pas cela. Ce qui m’étonne, c’est que cette évidence, qu’il ne faut pas créer plus de monnaie pour tel ou tel pays au détriment des autres, n’aboutisse pas à la conclusion que cette vérité se décline au niveau intermédiaire : aucune entreprise ne devrait pouvoir créer plus de monnaie qu’une autre, et donc au niveau fondamental : aucun citoyen ne devrait pouvoir créer plus de monnaie que les autres.
Etonnant que le scandale Bancaire, suivi par le scandale d’Etat, n’aboutisse pas plus rapidement à la conclusion ultime : le Citoyen, élément fondamental de toute économie est la seule entité légitime de création monétaire (Je vous conseille l’analyse spatio-temporelle du problème des trois producteurs).
A moins que certains citoyens se pensent pouvoir pisser plus loin que les 330 millions autres semblables présents, et les milliards à venir, qui partagent et partageront la même monnaie. Mais j’ai du mal à admettre que le niveau intellectuel de l’homo-sapiens pusse en être encore là…
La BCE va maintenant devoir racheter les obligations de l’Etat italien.
A propos de l’Italie :
– Emprunt à 6 mois :
Le 26 octobre 2010, l’Italie avait lancé un emprunt à 6 mois. L’Italie avait dû payer un taux d’intérêt de 1,203 %.
Un mois plus tard, le 25 novembre 2010, l’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 1,483 %.
Un mois plus tard, mercredi 29 décembre, l’Italie a dû payer un taux d’intérêt de … 1,698 % !
– Emprunt à 2 ans :
Le 26 octobre 2010, l’Italie avait lancé un emprunt à 2 ans. L’Italie avait dû payer un taux d’intérêt de 1,767 %.
Un mois plus tard, le 25 novembre 2010, l’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 2,307 %.
Un mois plus tard, mercredi 29 décembre, l’Italie a dû payer un taux d’intérêt de … 2,937 % !
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=1d9b5b95a126a062e90a46ec827d77de
Italie : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 4,855 %.
En ce moment même, les taux à 10 ans sont en train d’exploser.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND
Conclusion : plus les jours passent, plus l’Italie emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus élevés.
Plus les jours passent, plus l’Italie se surendette.
Plus les jours passent, plus l’Italie se rapproche du défaut de paiement.
Concernant les Etats européens :
Le Portugal est en faillite.
L’Irlande est en faillite.
L’Italie est en faillite.
La Grèce est en faillite.
L’Espagne est en faillite.
La Chine prête à aider l’Espagne à s’extraire de la crise économique.
Les discussions de M. Li avec le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero et le ministre des Finances Elena Salgado vont « jouer un rôle-clé » dans la stabilisation financière, a assuré l’ambassadeur de Chine en Espagne, Zhu Bangzao, cité par l’agence Chine nouvelle.
Les entretiens devraient porter sur l’expansion des relations économiques et commerciales bilatérales et permettre de « restaurer la confiance des marchés », a dit M. Zhu, sans fournir de précision.
L’économie espagnole, la 5e de l’Union européenne, est tombée dans la récession au second semestre 2008, au moment de la crise financière internationale, et peine à redémarrer.
Récemment, la Chine, devenue la 2e économie mondiale et assise sur le plus gros matelas de réserves au monde, s’est dite prête à aider les économies européennes les plus exposées à une crise de la dette, après le sauvetage international de la Grèce puis de l’Irlande.
Fin décembre, se disant « très inquiète » de la capacité des Européens à venir à bout de la crise des dettes souveraines, la Chine a annoncé être prête à « investir ses réserves de change » dans l’Union européenne.
La Chine s’est engagée à souscrire des obligations d’Etat de la Grèce et du Portugal, mais sans préciser la taille de ses investissements.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=58e03f6feb9aa37be5fc95e7b68fb0b8
La Chine évitera-t-elle à ces Etats européens le défaut de paiement ?
Ou alors est-il déjà trop tard ?
Vous le saurez dans le prochain épisode.
(Quel suspens ! Mais quel suspens !)
Bonjour @BA.
Pourrais-tu nous donner des liens qui permettent de suivre clairement en direct et à long terme les taux d’intérêts associés aux dettes des Etats ?
Voilà le site : tu peux faire des recherches en choisissant de partir depuis janvier 1997, et tu peux choisir la période de temps qui t’intéresse.
http://www.tradingeconomics.com/economics/government-bond-yield.aspx?symbol=grd
Lundi 3 janvier 2011 :
La Grèce vient de pulvériser son record.
Grèce : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 12,521 %.
Vous avez bien lu : 12,521 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND
Grèce : les dépôts baissent toujours.
Les dépôts en banque des entreprises et des ménages grecs ont continué de diminuer en novembre, baissant de 1,04 % par rapport au mois précédent, montrent les chiffres publiés lundi par la banque centrale.
Les dépôts à vue s’inscrivaient à 208,9 milliards d’euros fin novembre, contre 211,1 milliards d’euros fin octobre.
Depuis décembre 2009, la baisse est de 12,2 %, ou 29,12 milliards d’euros.
Cette diminution du montant des dépôts a contribué aux difficultés des banques grecques qui doivent s’en remettre à la Banque centrale européenne pour trouver des liquidités, l’accès aux marchés classiques leur étant quasiment impossible.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/01/03/97002-20110103FILWWW00462-grece-les-depots-baissent-toujours.php
Merci @BA pour les données chiffrées et désormais sourcées !!
Il est hallucinant de voir à quel point les données financières des dettes souveraines sont peu accessible sur internet …
Mardi 4 janvier 2011 :
Allemagne : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 2,891 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GDBR10:IND
Grèce : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 12,591 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND
La zone euro va exploser.
Mardi 4 janvier 2011 :
Sur le site internet du journal allemand DIE WELT, le sondage du jour pose la question :
“Glauben Sie, dass die Eurozone 2011 zerbricht ?”
“Pensez-vous que la zone euro va éclater en 2011 ?”
Réponse des sondés : oui, à 72 %.
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article11951563/Euro-Rettung-wird-Deutschland-epochal-veraendern.html
@BA et donc ?
Et donc la zone euro va exploser.
Mercredi 5 janvier 2011 :
A propos du Portugal :
En juin 2010, le Portugal avait lancé un emprunt à 6 mois : il avait dû payer un taux d’intérêt de 1,96 %.
Mercredi 1er septembre 2010, le Portugal avait de nouveau lancé un emprunt à 6 mois : il avait dû payer un taux d’intérêt de … 2,045 %.
Mercredi 5 janvier 2011, le Portugal a dû payer un taux d’intérêt de … 3,686 % !
Conclusion : plus les jours passent, plus le Portugal emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus exorbitants.
Plus les jours passent, plus le Portugal se surendette.
Plus les jours passent, plus le Portugal se rapproche du défaut de paiement.
http://www.agefi.fr/articles/Le-Portugal-finance-prix-fort-1163416.html
Jeudi 6 janvier 2011 :
Italie : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 4,767 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND
Espagne : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 5,460 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPG10YR:IND
Portugal : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 6,957 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND
Irlande : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 9,042 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND
Grèce : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 12,638 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND
En clair : ça sent le sapin.
Ca sent le défaut de paiement.
Vendredi 7 janvier 2011 :
Italie : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 4,815 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND
Espagne : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 5,529 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPG10YR:IND
Portugal : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 7,117 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND
Irlande : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 9,087 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND
Grèce : taux d’intérêt des obligations à 10 ans : 12,640 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND
Un plan de sauvetage pour le Portugal ?
Le Portugal finira par avoir besoin d’un plan de sauvetage similaire à ceux accordés en 2010 à la Grèce et à l’Irlande, estiment la plupart des économistes interrogés à ce sujet par Reuters.
http://www.lecho.be/actualite/economie_-_politique_economie/Un_plan_de_sauvetage_pour_le_Portugal-.9006801-3167.art?ckc=1
Concernant la France :
2011 : la charge de la dette sera de 45 milliards 382 millions d’euros.
2012 : la charge de la dette sera de 50 milliards 510 millions d’euros.
2013 : la charge de la dette sera de 55 milliards 190 millions d’euros.
C’est à la page 20 :
http://www.minefe.gouv.fr/presse/dossiers_de_presse/plf2011/politiques_publiques.pdf
Samedi 8 janvier 2011 :
Berlin et Paris veulent forcer le Portugal à demander l’aide de l’Union Européenne.
Les gouvernements allemand et français veulent contraindre le Portugal à demander à son tour une aide financière dans le cadre du plan de sauvetage européen, affirme l’hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi 10 janvier.
Sans citer de source précise, Der Spiegel affirme que “des experts gouvernementaux” des deux pays s’attendent à ce que le Portugal ne puisse bientôt plus se financer sur les marchés.
“Le signal d’alarme a été tiré, selon eux, lorsque le Portugal a dû proposer la semaine dernière 3,69 % d’intérêts pour une émission obligataire à six mois. A titre de comparaison, le même jour, l’Allemagne a placé un emprunt à 2,87 % sur dix ans sur le marché”, écrit l’hebdomadaire.
Le Portugal doit rapidement se placer sous l’assistance européenne pour éviter une contagion à l’Espagne voisine ou à la Belgique.
Les membres de la zone euro devraient s’engager dans le même temps à fournir tous les moyens nécessaires pour défendre la monnaie unique, quitte à dépasser les 750 milliards d’euros déjà mis à disposition, assure encore le magazine.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5ioU0qkhNoTdqnSNl5BmCiaFhOflQ?docId=CNG.b2faa182515312953f9b79472d025947.b81
Lundi 10 janvier 2011 :
Un sauvetage du Portugal imminent.
Le gouvernement portugais se débat face aux rumeurs insistantes sur un sauvetage imminent de son économie, après celui de la Grèce et de l’Irlande.
Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, le cas portugais fut au cœur de la rencontre, vendredi, à Strasbourg, entre la ministre de l’Économie Christine Lagarde et son homologue allemand Wolfgang Schäuble. Les deux gouvernements veulent pousser Lisbonne à faire appel, au plus vite, à l’aide financière internationale, afin d’éviter une contagion à l’Espagne et à la Belgique.
Pour sa première émission obligataire de l’année, à trois mois, le Portugal a dû concéder un prix exorbitant.
Vendredi, les coûts d’emprunt à dix ans ont battu de nouveaux record à 7,193 %. À ce prix, il devient préférable de se financer via le Fonds européen. D’autant que l’émission, prévue mercredi 12 janvier, de 2 milliards d’euros à trois et neuf ans s’annonce déterminante.
Mais le premier ministre José Socrates résiste aux pressions. Il redoute les contreparties qui lui seraient imposées par le FMI.
«Le Portugal fait ce qu’il faut et continuera ainsi… Tout ce que j’ai à dire, c’est que nous allons atteindre l’objectif budgétaire en 2010 qui était de réduire son déficit à 7,3 % du PIB», a-t-il dit samedi. Il n’empêche, la pression monte dans les salles de marchés, mais aussi du côté des politiques, pour un déclenchement du sauvetage.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/09/04016-20110109ARTFIG00223-un-sauvetage-du-portugal-imminent.php
Lundi 10 janvier 2011 :
Dans le cas présent, les Japonais ont la plus grande dette publique au monde – à 200 % du PIB. Ils utilisent déjà quasiment 60 % de leurs recettes fiscales simplement pour financer les intérêts sur la dette. Comment paient-ils les dépenses gouvernementales ? Ils empruntent plus d’argent !
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20110110-3309.html
Mardi 11 janvier 2011 :
Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a annoncé mardi que son gouvernement prévoyait d’acheter des obligations du Fonds européen de stabilité financière (EFSF) afin d’aider à stabiliser la zone euro, ont rapporté des médias.
(Source : dépêche AFP)
Conclusion :
– Le Japon est hyperendetté.
– Le Japon consacre 60 % de ses recettes fiscales à payer les intérêts de sa dette (dette publique du Japon : 200 % du PIB).
– Le Japon va utiliser ses réserves en euros pour essayer de sauver les cinq Etats européens surendettés.
– Le Japon hyperendetté va-t-il réussir à sauver les cinq Etats européens surendettés ?
– Vous le saurez dans le prochain épisode.
– Le suspens est à son comble.
Mardi 11 janvier 2011 :
Allemagne : taux d’intérêt pour les obligations à 6 mois : 0,480 %.
France : taux d’intérêt pour les obligations à 6 mois : 0,555 %.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GFRN6M:IND
Et la Grèce ?
Quel taux d’intérêt doit payer la Grèce pour un emprunt à 6 mois ?
Réponse :
La Grèce a levé mardi 1,95 milliard d’euros en obligations à six mois, à un taux d’intérêt de 4,9 %, a indiqué mardi l’organisme de gestion de la dette publique (PDMA) grecque.
Athènes a ainsi atteint son objectif d’un taux inférieur à 5 %, même si le taux est supérieur à la dernière émission.
L’émission a été sursouscrite plus de 3 fois avec une offre totale de 5,1 milliards d’euros pour 1,5 milliard proposé au départ, a indiqué le PDMA dans un communiqué.
Le taux est ressorti à 4,90 %, contre 4,82 % lors de la dernière émission à six mois le 9 novembre 2010, qui portait sur un montant très inférieur de 390 millions d’euros.
@BA
“La Grèce a levé mardi 1,95 milliard d’euros en obligations à six mois, à un taux d’intérêt de 4,9 %”
Peux-tu préciser de quelle unité de temps tu parles pour le taux ? 4,9% / an ?