Etienne Chouard était invité à Toulouse à l’initiative de plusieurs associations dont le Parti Pirate (à l’initiative de Carole Fabre interviewée ici même sur “Monnaie Libre”).
La Théorie Relative de la Monnaie et le projet OpenUDC ont été cités par Etienne dans la troisième partie. On voit bien tout le long le fil conducteur monétaire extrêmement prégnant.
J’en profite pour donner deux remarques fondamentales.
Tout d’abord le “Salaire à Vie” (SV) cité par Etienne et proposé par Bernard Friot n’est pas de l’ordre de la TRM. Ainsi le Dividende Universel solution des équations différentielles de la TRM et basé sur les trois libertés économiques dans l’espace-temps ne signifie aucune discrimination entre hommes libres et aucune déduction logique sur cette base ne saurait conduire à un “Salaire à Vie”.
Le “Salaire à Vie” prétend que l’ensemble des échanges économique monétaires serait basé sur une valeur considérée par tous les hommes comme une “valeur absolue” , alors qu’il ne s’agit pas des hommes eux-mêmes, mais d’une qualité qu’il nomme “qualification” ce qui ne peut qu’être réfuté par le principe de relativité, fondement de la TRM. Tout homme est en effet libre d’estimer ce qui est valeur ou pas, il ne saurait donc y avoir aucune “qualification” reconnue par tous d’autant qu’aucune “qualification” n’existe par définition pour l’homme qui crée ce qui n’est pas connu.
Ce qui fait donc une grande différence relativement à l’inconditionnalité. Pour la part des “salaires à vie” qui ne sont pas inconditionnels, mais dépendants de la “qualification” arbitrairement choisie nous sommes devant une incompatibilité logique fondamentale entre ces deux notions, relativement aux fondements du Revenu de Base.
Par contre le “salaire à vie” intègre de fait un dividende universel que l’on retrouve en factorisant parmi tous les hommes le salaire le plus bas parmi les “échelles de qualification” qui font partie de ce “modèle” (si tant est qu’il s’agisse d’un “modèle” car il n’est pas dit à quels fondements cohérents il se réfère, on ne voit nulle part cité les Droits de l’Homme par exemple et pour cause sans doute car “naître et demeurer libres et égaux en Droit” ne permet pas la discrimination).
Il faut en conlure donc tout simplement que le Revenu de Base (équivalent du Dividende Universel) est plus vaste que toute théorie constructiviste puisqu’il en est un facteur commun indiscutable tandis que l’inverse n’est pas vrai. Ainsi le RB est inclu dans le SV tandis que le SV n’est pas inclu dans le RB. En fait cette notion revient à penser que tout homme serait une sorte de fonctionnaire d’Etat par défaut. C’est la négation de facto de la reconnaissance du potentiel de chacun pour toute innovation individuelle.
Donc si Etienne Chouard fait remarquer le fait que “nous sommes divisés”, pourquoi alors mettre en avant des approches qui divisent alors que pour ne pas diviser il convient justement de prendre le facteur commun ? Ainsi en disant aux défenseurs du Salaire à Vie “mais donc le salaire à vie minimum est bien commun à tous selon votre approche, des plus petits salaires aux plus grands, tous le touchent et donc vous serez d’accord à minima sur l’instauration d’un Revenu de Base. Donc ce n’est pas un bon prétexte d’être contre le RB par le fait que certains n’auraient pas plus que la base monétaire commune, vous ne pouvez dire selon votre point de vue à minima que ce ne serait pas suffisant, mais certainement pas ‘pas acceptable’…”.
Tandis que l’inverse ne peut pas être accepté par les tenant du RB puisque le SV n’est absolument pas partie intégrante du RB. CQFD.
La factorisation est un sujet mathématique qui est étudié très tôt dans le cursus scolaire Républicain, dès la classe de troisième.
Ensuite ma deuxième remarque est plus fondamentale, concernant “la” cause des causes souvent citée par Etienne Chouard. C’est une approche profondément valide que de faire une telle recherche mais je voudrais y apporter un éclairage.
Il n’y peut y avoir “une” cause des cause”. Pourquoi ? Parce qu’une cause seule ne peut rien produire. Une cause seule ne peut qu’être égale à elle même de proche en proche. Ainsi la graine seule ne donne pas d’arbre. Il lui faut la terre, le soleil, l’eau, l’air… Beaucoup de causes premières.
Pour se donner une autre image regardons encore une fois vers les mathématiques. pour construire un ensemble logique tel que l’ensemble des entiers naturels, il vous faut un nombre initial, le zéro, ainsi qu’une règle récursive qui puisse agir sur un élément pour donner le suivant, l’addition, ce à quoi on peut ajouter d’autres éléments et fonctions pour obtenir l’ensemble des entiers naturels, qu’on pourra étendre par les entiers relatifs, puis les fractions, les réels, les complexes etc…
En géométrie on notera que la plus simple d’entre elles, la géométrie Euclidienne repose sur quantité d’axiomes et règles fondamentales et certainement pas sur une seule. Qu’en sus d’autres fondements géométriques donnent d’autres géométrie.
On sera donc plus juste si l’on parle des “fondements” (plutôt que de “la cause des causes”) qui sont en effet “LES causes des causes”. Les bases cohérentes à partir desquelles, de façon causale (récursive) et de proche en proche les éléments simples se construisent, puis les éléments plus complexes.
Et en effet devant une situation complexe donnée, il est possible de rechercher “les fondements” ou bien encore “des fondements” car ils peuvent ne pas être uniques pour expliquer une chose semblable, qui puisse soit en expliquer le fonctionnement, soit déterminer son évolution future, soit les deux, ce qui peut nous conduire à plusieurs solutions possibles.
Intéressant alors de voir cette autre vidéo qui parle de création monétaire et qui cite OpenUDC parmi d’autres, montrant ainsi la multiplicité des causes premières que nous pouvons choisir aujourd’hui pour changer d’économie.
Car changer d’économie c’est d’abord et avant tout choisir son système monétaire, mais ce serait évidemment se tromper de penser que ce serait la seule “cause première” à adopter, il y en a en effet d’autres et si le tirage au sort de l’assemblée constituante prônée par Etienne Chouard en est une, la subsidiarité en est encore une autre et est encore plus fondamentale, puisque là aussi l’implication logique ne fonctionne pas dans les deux sens.