Un homme avait à sa disposition les graines d’un arbre fruitier dont l’espérance de vie moyenne, qu’il ne connaissait pas, était de 40 ans. Il les planta, générant ainsi un verger qui lui donna de beaux fruits au bout de 10 ans, et ce pendant les 30 années qui suivent. Alors à ce moment là, les arbres moururent, en 3 années ils furent tous morts. C’était une grande crise pour le successeur de cet homme, qui reçut le verger pour le gérer à son tour. Il s’ensuivit des années terribles, où le manque de fruits pendant si longtemps s’y fit cruellement sentir. Mais ayant appris de son prédécesseur, il replanta des graines, et cria de joie au bout de 10 ans quand de nouveau le verger donna ses fruits.
30 ans plus tard le successeur du successeur se lamenta devant une nouvelle crise du verger, mais ayant appris de son prédécesseur il traversa tant que bien mal la crise terrible qui s’ensuivit, tout en ayant pensé à replanter ces graines…
Dans une autre contrée, un homme voulant lui aussi générer un verger produisant de beaux fruits, avait à sa disposition des graines de cet arbre. Mais il prit aussi connaissance de cette histoire qui avait été écrite dans des livres différents au cours du temps, où forces explications ésotériques tentaient d’expliquer ces crises par des facteurs divers, mais ces explications n’avaient jamais empêché de nouvelles crises du verger de survenir.
Connaissant la nature des phénomène de résonance, connaissant la nature de la causalité, connaissant la nature néfaste des crises cycliques, il savait que des effets cycliques ont des causes cycliques. Il comprit donc à contre-courant de toutes les thèses diverses qui tentaient d’apporter des explications sur la malédiction des vergers, : “C’est la plantation elle-même qui génère les crises !”.
Il comprit : “La plantation, n’étant pas continue, mais effectuée d’un seul coup dans un point cyclique du temps, a pour effet la mort cyclique du verger, et donc les crises cycliques qui frappent, de génération en génération les gestionnaires successifs du verger”.
Et il comprit aussi que ces arbres ont une durée de vie moyenne de 40 ans. Alors il se dit : “Je ne veux pas que mes successeurs souffrent de cette ignorance de la nature de la causalité, je ne vais donc pas planter mon verger de cette façon. Je vais planter 10 arbres cette année, puis l’année prochaine 10 nouveaux arbres, et ainsi de suite jusqu’à la 40ème année, je transmettrai ensuite cette connaissance et sa raison à mon successeur, qui la transmettra à son tour”.
400 ans plus tard le verger était toujours semblable d’année en année à ce qu’il était l’année précédente, et l’année précédente, et l’année précédente… Parce que la dizaine d’arbres de 40 ans étant arrivée à son terme était replantée, il y avait toujours dans ce verger 40 dizaines d’arbres fruitiers donnant de beaux fruits, une dizaine d’arbres en graines, une dizaine d’arbres de 1 an, une dizaine d’arbre de 2 ans, une dizaine d’arbre de 3 ans, et ainsi de suite jusqu’à une dizaine d’arbres de 40 ans.
Pour que ce verger soit semblable d’année en année, il fallait toujours, chaque année, replanter 10 / 400 = 2,5% des arbres, parce que 2,5% des arbres mourraient, il fallait non pas sauver les arbres morts, car la mort est inévitable, mais penser à les remplacer rigoureusement en replantant des graines à la place qu’ils occupaient.
Dans ce verger chacun des arbres recevait toujours, année après année, du soleil, de l’eau, et les nutriments nécessaires à la vie d’un arbre. Tout le long de sa vie dans ce verger, chaque arbre recevait cette même quantité nécessaire à son épanouissement, qu’il ait été planté au début de la période de 400 ans, à son milieu, à sa fin, ou au delà.
Quoi qu’ils changent entièrement de 40 ans en 40 ans, l’ensemble des arbres de ce verger était considéré avec justesse comme immuable et libre de toute crise par les générations de gestionnaires qui s’en occupaient.
Les hommes de cette contrée parlaient “du” verger, mais savaient très bien expliquer à leurs successeurs : “bien que l’on dise ‘le’ verger, de 40 ans en 40 ans, la durée de vie moyenne de ces arbres, aucun de ces arbres ne persiste, ils sont tous morts ! Mais pourtant ils sont toujours là, remplacés de génération en génération. C’est parce qu’on leur donne à tous, sans discrimination de leur position ou de leur âge, les mêmes nutriments nécessaires à leur épanouissement tout le long de leur vie, et que les nouvelles graines remplacent chaque année les arbres morts”.
Depuis lors, dans cette contrée, on ne vit plus de crises, dans aucun verger, qui soit de même nature que celles vécues par les premières générations.
Tout simplement 😉