Quand un changement de paradigme survient il repose toujours sur un changement des fondamentaux constructivistes. C’est à dire qu’il définit des objets qui n’ont aucune possibilité de pouvoir être décrits par l’ancien paradigme. Ainsi la Relativité Générale d’Einstein, décrivant l’espace-temps comme courbe, ignore la notion de forces présentes dans la physique Newtonienne, laquelle physique repose sans le dire sur un espace euclidien. Un Newtonien ne pouvait avoir cette idée en tête, car il interprétait la réalité comme étant implicitement inscrite dans un espace dont il n’imaginait même pas qu’on puisse le penser autrement.
Or donc quand un tenant de la Théorie Relative de la Monnaie, voit le système monétaire, il voit que c’est ce même système monétaire qui est le problème, dans sa structure implicite non-remise en question, qui ne tient pas compte des 4 libertés économiques et du remplacement générationnel des hommes dans le temps. Il voit parfaitement comment cette structure fait qu’une monnaie prétendue commune n’est en réalité pas commune du tout, mais constitue en soi, par sa structure même, un privilège au bénéfice des uns au détriment des autres, ou encore un bénéfice pour certaines générations d’hommes au détriment d’autres générations.
A contrario, ce même tenant de la TRM voit et comprend que des approches constructivistes, tentant de valider ou de critiquer la notion de Revenu de Base, sont dans la non-compréhension de la nature même de la structure monétaire comme cause. Comme dans cet article de Michel Leis “Revenu Universel et partage” sur le blog de Paul Jorion ou bien encore ce débat en 4 épisodes entre Marc de Baquiat et Guillaume Allègre économiste à l’OFCE, ou encore cet article d’Olivier Berruyer “Idée reçue : “L’austérité en Angleterre marche !”.
Car quel est le problème fondamental implicitement non-compris dans ces approches !? C’est de ne pas intégrer la structure du système monétaire dans lequel ils développent leurs analyses. Le constructivisme de ce système monétaire non-libre implique forcément des notions de valeurs ou de non-valeurs, définis implicitement comme absolues, non-relatives, concepts fondamentaux et implicites desquels découlent leurs analyses.
Ainsi voyons par point de vue la réfutation relativiste correspondante :
Michel Leis :
“…en l’état actuel, le travail des hommes reste une composante importante de la valeur ajoutée. La disparition progressive d’une partie de l’emploi en Occident n’implique pas pour autant que l’emploi tende vers le zéro absolu…”
Réponse relativiste : Le travail est une notion individuelle non-absolue qui n’a aucun lien en soi avec la notion d’emploi = un travail défini par un employeur pour autrui = un privilège en terme de définition = un point de vue relatif comme un autre. Une théorie économique bien fondée ne peut donc aucunement intégrer un type de relation particulière et non-généralisable comme fondement de raisonnement. Les hommes produisent des valeurs dont ne sont pas juges les autres hommes, et ceci indépendamment de toute notion d’emploi ou même d’échange économique préalable. La production de valeurs par l’homme participe dans l’instant même et participera l’instant suivant jusque après sa mort de la base de l’économie.
Claude Allègre :
“Toutefois, il est difficile de justifier un revenu inconditionnel, versé à tous de manière égalitaire, par les contributions sociales fondamentales réalisées par certains : quid de ceux qui ne gardent pas les enfants et ne participent pas au travail associatif ?
Réponse relativiste : Ici le tenant de la théorie économique non-libre se place directement lui-même en tant que celui qui définit ce qui produit de la valeur ou pas, ou encore suppose qu’autrui puisse juger de ce qu’un homme participe ou non de la production de valeur “ceux qui ne participent pas…”. Or la croyance en cette possibilité de définir “la participation” ou la “non-participation” nie bien entendu toute la nature même de l’innovation. Il est quasi certain qu’au moment où ce billet a été publié sur une plateforme utilisant des logiciels libres, une valeur fondamentale produite il y a 31 ans par Richard Stallman, que Mr Allègre n’a jamais rémunéré le travail des producteurs et fondateurs des valeurs libres qu’il utilise pour naviguer et publier sur l’internet. Ainsi cette non-reconnaissance d’autrui comme son semblable participe d’une vision de l’économie où il est impossible de comprendre que Debian vaille 14 milliards d’euros alors que déjà certains parmi ses fondateurs et contributeurs sont déjà morts à présent sans jamais avoir vu le début du commencement d’une monétisation de leur production de valeur ramassée pour l’essentiel par d’autres, des années plus tard (et donc bien des morts plus tard). Il y a aussi ici une confusion entre monnaie et “revenu” qui dans ce paradigme non-libre, suppose pour le “revenu” quelque chose, alors que dans un paradigme libre, “monnaie” ne signifie pas de “quelque chose” d’autre que “monnaie”. La non-dissociation de “monnaie” et de “revenu” participe ici aussi de l’incapacité à intégrer la notion de monnaie-libre, ou de valeur libre tels que Bitcoin ou OpenUDC.
Pour résumer, l’innovation du temps présent est forcément invisible des contemporains, sinon ce ne peut être de l’innovation par définition. Seule une théorie économique qui ne comprend pas que les hommes naissent vivent et meurent, peut implicitement postuler à tort que les valeurs produites par les hommes puisse jamais être toutes reconnues de leur vivant, et donc monétisées de leur vivant. Seules quelques très rares valeurs produites suivent ce chemin, la plupart ne monétisant qu’après leur mort que des bénéficiaires illégitimes au sein de systèmes monétaires non-libres. Guillaume Allègre serait donc bien en peine d’apporter quelque preuve de ğvaleur que ce soit, puisque implicitement il croit qu’il est possible de connaître a-priori la notion de valeur, voire il postule implicitement qu’un homme ne produit pas de valeur a-priori, puisqu’il se positionne, pour la monnaie, en tant que juge a-posteriori de son semblable passé ou contemporain, ignorant sa propre mort et le nombre de ses contemporains qu’il ignore ainsi que leurs successeurs.
Olivier Berruyer :
“Rôôôôô qu’elle est belle l’austérité à 6 / 8 % du PIB de déficit public ! Pour avoir moins de 2 % de croissance du PIB ! 35 Md€ de croissance avec 130 Md€ de déficit – quel rendement extraordinaire !”
Réponse relativiste : Ici l’analyse se perd en conjectures sur une pensée qui s’attache implicitement à des données qui ne représentent qu’une projection d’un phénomène non-critique provenant du passé, et ceci à cause du fondement implicite faux, qui donne au PIB une réalité économique alors qu’il n’est qu’une apparence sans fondement.
Or le PIB ne représente qu’une seule et même chose, la circulation de monnaie entre acteurs économiques. Si donc par exemple des producteurs de valeurs économiques décident pendant 10, 20 ou 30 ans, d’être autonomes, de la façon qui leur convient, de produire sans rien échanger pendant cette durée, alors bien que la production augmenterait partout, le PIB s’effondrerait. Et alors quoi ? Dans cette approche économique non-libre il faudrait ne pas monétiser ces acteurs économiques en face de la valeur produite par eux, car seule la matérialisation des échanges économiques sous forme comptable dans l’unité monétaire non-libre de référence fait foi pour créer de cette monnaie non-libre depuis son centre d’émission illégitime.
Et si au bout de cette période de 10, 20 ou 30 ans, les producteurs économiques décident de s’échanger leur production, la rareté monétaire induite pendant cette même durée implique qu’ils doivent le faire via le troc, absolument pas le biais d’une monnaie qui ne représente plus que ce qui était le temps passé, le temps où leurs prédécesseurs étaient encore vivant. Ici donc nous avons l’ignorance implicite d’un double effet de la résonance psychologique, racine du cycle non-libre, augmenté de l’ignorance du flux temporel humain. Les générations montantes n’ont pas, n’ont jamais eu, et n’auront jamais, de devoir implicite ou explicite de se laisser entraîner par les choix de leurs aînés, que ce soit en regard d’une prétendue “dette” ou en regard d’un prétendu “Produit Intérieur Brut”, les deux n’ayant aucune existence devant leurs propres choix.
Pour conclure, à cause de cette impossibilité de compréhension qui repose sur le choix d’un paradigme non-libre, qui ne reconnaît pas les hommes comme semblables, ni dans l’espace ni dans le temps, en adoptant une définition implicite et arbitraire de ce qui est valeur ou non-valeur, il n’est pas de possibilité au sein de cette ignorance de démontrer le Revenu de Base. Tout comme, en revenant sur un paradigme déjà explicité et ré-explicité ici-même, il n’est guère de possibilité de démontrer au sein d’une géométrie euclidienne l’existence de triangles dont la somme des angles est supérieure à 180°, car il faut changer de fondement pour cela.
C’est pour cela qu’on ne verra pas d’analyse de ces auteurs comprenant l’émergence d’une valeur libre telle que celles que nous avons citées préalablement, et qu’ils utilisent pourtant pour publier leurs raisonnements tout en ignorant superbement les producteurs de ces valeurs morts depuis les 40 dernières années. Tout comme comme on ne verra pas d’analyse de ces mêmes auteurs concernant l’émergence de monnaies libres ou non-libres telles que Bitcoin, OpenUDC, uCoin, Monnaie M, Freicon, iOpen, Cyclos etc… indépendantes de leurs définitions implicites de ce qui est travail ou non-travail, valeur ou non-valeur, car ces phénomènes ne peuvent pas être compris dans leur espace nominatif et formel (conceptuel).
Aussi celui qui comprend l’essence de ce principe ne tient pas à convaincre les euclidiens que la géométrie non-euclidienne est “vraie”, car elle ne s’impose pas non plus, mais elle se choisit parce qu’elle est jugée comme donnant de meilleurs effets tout en réduisant les effets indésirables. Aussi un véritable tenant de la Théorie Relative de la Monnaie ne tient pas à transformer à tout prix une monnaie non-libre dominante en monnaie libre, il laisse la liberté de ceux qui l’ont choisie, de continuer à utiliser cette non-liberté qu’ils estiment bonne pour eux-mêmes, tout comme l’homme de science ayant compris la portée des géométries non-euclidiennes laisse les euclidiens jouir de leur géométrie unique puisqu’ils se trouvent bien dans cette unicité et n’ont pas même l’idée qu’il puisse en être autrement.
Pour ce qui les concerne, les relativistes, tenants d’une économie libre et donc d’une monnaie libre développent, adoptent et utilisent un système monétaire libre tel que OpenUDC, uCoin, ou MonnaieM, en réfutant tout privilège et tout arbitraire, en réfutant toute définition de valeur autre que l’homme lui-même dans leurs fondements monétaires, en adoptant le principe de relativité de toute valeur qui implique que seul l’homme définit pour lui-même ce qu’il estime valeur ou non-valeur.
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