La preuve de la valeur ?

Dans Monnaie Libre n°43 Jean-Baptiste, auteur du 1er livre néochartaliste francophone “devises, l’irrésistible émergence de la monnaie”, exprime un mythe relatif à la nécessité de “la preuve” de la création de valeurs économiques.

Il y aurait le besoin pour une nouvelle valeur produite par un individu(t) de “faire ses preuves”, avant que sa contrepartie monétaire puisse exister.

La réponse qui lui est donnée est que la production des valeurs libres réfute ce mythe, dans le sens où cette approche ne tient pas compte du temps qui passe et du fait que le créateur est le plus souvent déjà mort quand ce qu’il a créé apparaît dans le PIB à l’image du veau fait d’or. Car c’est bien le producteur qui est censé être “financé”, pas la valeur produite par lui.

Mais nous pouvons aller plus loin encore dans la démonstration en utilisant l’incomplétude de toute domaine limité par les preuves à l’image du ğpost.

ḡ dit "ḡlibre"
ḡ dit “ḡlibre”

Soit la valeur produite sous licence publique CC0 et constituée par le texte suivant, comprenant trois phrases identifiées par les symboles A et Ğ(x), et comprenant une variable libre “x” :

A : Soit V l’ensemble des valeurs produites non-reconnues par l’utilisateur.
Ğ(x) : l’utilisateur reconnaît que la valeur x fait partie de V

Qu’en est-il maintenant de Ğ[Ğ(x)] ?

Ğ[Ğ(x)] : l’utilisateur reconnaît que la valeur Ğ(x) fait partie de V

Si Ğ[Ğ(x)] est vraie, alors l’utilisateur reconnaît Ğ(x) comme appartenant à V, donc comme valeur qu’il ne reconnaît pas, ce qui est contradictoire.

Si Ğ[Ğ(x)] est fausse, alors l’utilisateur ne reconnaît pas Ğ(x) comme appartenant à V. Ğ(x) est alors une valeur reconnue par l’utilisateur, donc Ğ[Ğ(x)] aussi qui affirme bien que l’utilisateur reconnaît que Ğ(x) fait partie de V, donc qu’il ne la reconnaît pas, ce qui est contradictoire.

Donc à la question Ğ[Ğ(x)] est-elle vraie ou fausse, l’utilisateur n’est pas en mesure d’apporter une réponse cohérente, Ğ[Ğ(x)] est indécidable. Il s’ensuit que la valeur Ğ(x) est elle-même indécidable pour l’utilisateur.

Pourtant Ğ(x) est bien une valeur produite, et elle est bien utilisée par celui qui vient de lire ce texte, s’agissant d’une valeur destinée à être lue. Ğ[Ğ(x)] est donc bien vraie, et donc Ğ(x) est une valeur, bien que l’utilisateur ne soit pas en mesure d’en apporter aucune “preuve” que ce soit.

Il existe donc bien des valeurs produites et utilisées qui ne sont pas reconnues par leurs utilisateurs, et donc ne passent pas par la “preuve” pour être des valeurs.

Comme tout utilisateur est en mesure de lire, copier, modifier, diffuser Ğ(x), valeur produite sous licence publique, et donc de diffuser cette valeur dans l’économie, il est donc un fait que Ğ(x) est partie prenante d’une économie où la preuve n’est pas le seul fondement de la production des valeurs.

Il est donc possible et parfaitement cohérent de financer les hommes pour la production des valeurs non-reconnues par leurs utilisateurs, donc des valeurs ne demandant aucune preuve, et donc d’établir une monnaie fondée sur une création inconditionnelle.

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