Gaz de Schistes, la solution par le calcul différentiel

Ce post constitue une bonne porte d’entrée pour qui n’a pas encore lu ou compris la Théorie Relative de la Monnaie.

Il s’agit d’une réaction spontanée à ce post “Gaz de schiste : la solution par la propriété“. L’auteur croît avoir trouvé la solution qui consiste en la propriété pleine et entière du sol ET du sous-sol, qui actuellement constitue une exception, l’Etat pouvant déposséder le “propriétaire” pour accéder aux ressources (ici le gaz de schiste).

L’auteur du post nous explique que les “propriétaires” de pennsylvanie sont favorables à l’exploitation, parce qu’ils sont “libres” de louer leurs terres en retirant un bénéfice substantiel ou de refuser l’exploitation parce qu’ils estiment que l’atteinte à l’environnement est préjudiciable “selon leurs préférences”…

Mais de quels propriétaires parlons-nous ? Qu’en disent les futurs propriétaires ? Ceux de dans 100 ans, ceux de dans 300 ans ? Ceux qui aujourd’hui au Japon subissent les choix soit disant “libres” de leurs prédécesseurs ? Ceci n’est absolument pas responsable ! Ceci n’est pas conforme à la liberté !

En effet la liberté c’est ce qu’il est possible de faire en respectant la non-nuisance pour soi même et pour autrui. Nous ne sommes pas dans un cas de non-nuisance vis à vis des propriétaires du sol ! Les propriétaires présents, et à venir, qui forment une chaîne dans le temps au sein de l’humanité.

Le temps. C’est bien là ce que la physique classique a commencé à approcher avec le calcul différentiel il y a 400 ans avec Leibnitz et Newton, et qui demande un tout petit peu de technique pour en mesurer toute l’importance.

Si donc l’on considère ce sol, vis à vis de la propriété non pas présente, qui ne constitue qu’une propriété locale dans le temps, infinitésimale (ou différentielle), mais toute la propriété, présente et à venir, la liberté d’usage implique la non-nuisance y compris au niveau économique vis à vis de cette chaîne de propriétaires.

Ces propriétaires utilisant le même sol, ils ne peuvent alors, se succédant les uns aux autres, qu’être propriétaires d’une part égale de ce même sol, dans le temps. C’est à dire, que pour connaître la part dP de propriété de chaque membre de cette suite, je dois considérer qu’elle doit être relativement égale, par rapport à la propriété totale actualisée “P(t)” pour un propriétaire (t) vis à vis du propriétaire (t+dt) du même sol.

Qu’autrement dit :

dP/P = c
 Ce qui implique la solution très connue :
P(t) = P(0).ect

Cela signifie très exactement, que pour que ce sol puisse être réellement possédé de façon équitable entre tous ces propriétaires successifs, un propriétaire donné n’a accès qu’à une part relative constante “c” (du bénéfice économique, ou de la part de pollution permise, de tout ce qui fait les caractéristiques de cette propriété…).

Quelle est cette part “c” ? Etant donné que chaque propriétaire vit durant une espérance de vie moyenne estimée de “ev”, alors il faut et il suffit qu’à 1% près ont ait un rapport de propriété tout le long de la vie, qui soit complet, mais relativement équivalent dans le temps entre chaque génération. Soit :

[P(t+ev) – P(t)] / P(t+ev) = 99%

Ce qui implique pour “c” que :

c = ln(100) / ev

Ce qui pour ev = 80 ans nous donne c = 5,75% / an

Le principe de liberté étendu à tous les propriétaires implique donc que chaque citoyen, pour bénéficier du droit de propriété se doit de rendre une part de 5,75 % / an des titres de propriétés ainsi validés, qui sont alors redistribués équitablement entre tous les propriétaires suivants, donc l’année suivante. Or ces “titres de propriétés” généralisés ne sont pas autre chose, que les titres de propriétés universels au sein de la zone économique, c’est à dire les crédits monétaires.

Alors en conclusion pour citer Proudhon de la même façon, pour répondre à :

“La propriété c’est le vol”
ou
“La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir”

Je réponds :

La propriété qui est respectueuse des générations présentes et à venir est la seule que l’on peut catégoriser comme “”ayant les caractéristiques de la liberté“”

Une monnaie, pour respecter la non-nuisance pour soi-même et pour autrui, pour respecter les libertés économiques, se doit d’être basée sur un Dividende Universel.

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(10 commentaires)

  1. Certes le chat est à la fois mort et vivant, mais on vit dans l’univers réel…

    Pour en revenir au gaz, “Ceux qui s’inquiètent des “ressources non renouvelables” sont dans l’erreur, les nécessités de la conservation ne sauraient justifier aucun autoritarisme agressif, et les générations à venir n’ont aujourd’hui aucun Droit” : http://lumiere101.com/2008/01/08/le-faux-probleme-du-developpement-durable/

    Produisons tout de suite – le plus possible et non une portion relative à ce qui se passera (peut-être ou pas…) plus tard – et les suivants ne s’en porteront que mieux grâce à la richesse développée avant eux !

  2. “le chat est à la fois mort et vivant, mais on vit dans l’univers réel…”

    Non ça c’est la mécanique quantique, et oui c’est bien “réel”. La remarque est curieuse…

    Pour les autres remarques, le post n’a rien à voir avec les “ressources renouvelables” ou pas, ni avec la “richesse” qui est niée en tant que définition absolue par la TRM.

    Afin de comprendre ce qui reste difficile à comprendre pour qui n’a pas de notion du calcul différentiel, il te faut remonter à la source, il y a 2500 ans, et voir pourquoi Achille finit par rattraper la tortue…

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_d%27Achille_et_de_la_tortue

    Quant à “aucun droit” pour l’homme à venir c’est gênant pour les secondes qui viennent tout autant que pour les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois, les années, les décennies, et donc les siècles.

    Qu’il est difficile de comprendre la relativité pour qui n’en a pas réalisé les fondements !

  3. @Stephane
    “Qu’il est difficile de comprendre la relativité pour qui n’en a pas réalisé les fondements ! “: au lieu de nous rappeler (sans cesse) la difficulté de la compréhension de la relativité (jusque là tout le monde est d’accord), je te propose de nous en exposer (sans cesse) certaines subtilités: un petit traité de physique (la turbulence et notre ami Kolmogorov, le 3ème principe de thermodynamique et bien sûr la relativité) peut nous apporter un éclairage valable dans bien des domaines, à transgresser les postulats de notre pensée.

  4. @Patrice,

    Heu produisons, produisons, je veux bien, mais il faut avoir à l’esprit qu’en ce qui concerne la production matérielle et alimentaire, ce que nous consommons aujourd’hui, nous le brulons pour toujours. Alors créer de la richesse, mais quelle richesse ? Une richesse virtuelle telle que définie par le PIB ? Une richesse immatérielle des connaissances ? (donc, passons tous sous licence libre, nous n’en serons tous que plus riche). Une richesse de l’éco-système pour garder une capacité de la planète à renouveler ses ressources pour les générations futures ? (C’est flippant de voir qu’il n’y a plus que 8 variétés de pommes dominantes dans le monde alors qu’avant la révolution verte hyper-productiviste, il y en avait plus de 300 rien qu’en France…)

    @Stéphane,

    J’aime bien ta première citation de Proudhon qui est une citation de jeunesse. Il faut rappeler qu’un peu plus tard il l’a complété par “La propriété c’est le vol; la propriété c’est la liberté !”. Cela suffit à résumer la seconde citation 🙂

    Cela me fait un peux penser aux combats des hackers qui se battent pour la liberté d’expression et la libre circulation de l’information et en même temps combattent tous les big brothers en puissance (états, publicitaires) qui rêvent de mettre la main sur nos données personnelles. A ce niveau aussi cette citation de Proudhon s’applique à merveille et est d’une puissance phénoménale.

  5. @Stephane

    Il me semble que tu oublies là une définition que tu utilises dans ta TRM :

    “La liberté est définie comme la non-nuisance à soi-même et à autrui, c’est une loi symétrique entre les individus”

    En te centrant sur la relativité temporelle, tu oublies la relativité spatiale et les dommages crées aux propriétaires voisins sur les ressources de leur propriété et leur potentiel de production de valeur local. Ces personnes devraient au moins, d’après ton principe, avoir une compensation monétaire liée à la perte de valeur potentielle de leur propriété

  6. @Stéphane

    C’est la non nuisance à autrui que me semble avoir été oubliée, dans la mesure ou les propriétaires voisins peuvent se voir supprimer leur potentiel de production dCx si celui-ci est basé sur le tourisme local, la consommation d’eau ou l’agriculture, de plus il est probable que leur ev soit plus faible de par la pollution locale.

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