Contrepoints vient de se fendre d’un post “Bruxelles épingle l’Allemagne pour ses excédents commerciaux” dont le contenu logique ne peut que faire mal au ciboulot à son propre auteur…
C’est l’occasion de revenir sur quelques principes fondamentaux qu’il est nécessaire d’avoir bien en tête avant de prétendre pouvoir comprendre quoi que ce soit à une zone économique et au système monétaire qui lui est associé.
Commençons par cette citation qui se veut cynique :
“Oui, c’est vrai ça, il faut vite faire en sorte que l’Allemagne fasse les mêmes erreurs que les autres mauvais élèves de l’Europe. Sinon ce n’est pas juste !”
Réfléchissons, soient 27 pays commerçant entre-eux, et utilisant une même système de compensation des échanges. Imaginons qu’ils soient tous de “bons élèves” selon cet auteur, donc qu’ils soient tous “en excédent”…
Voyons… dans un système monétaire dette, la somme des comptes est nulle, dettes + monnaie = 0, comment pourrait-il donc y avoir des comptes tous positifs ?
Des comptes tous positifs ?! Dans une monnaie-dette ? Vraiment !?
Je défie l’auteur de ce post de me montrer une zone économique utilisant une même monnaie-dette, où que ce soit dans l’espace-temps, sur la totalité des Univers possibles, passés, existants, futurs ou même imaginables, où une telle chose serait.
Poursuivons par la citation suivante :
“L’Allemagne affiche une balance commerciale à faire pâlir les autres pays européens”
Pourquoi “à faire pâlir” !? Je ne pâlis aucunement.
Une monnaie est un moyen intermédiaire d’échange, une chambre de compensation dans le temps. Il est évident qu’à un instant “t”, le premier vendeur V1 soit en positif, tandis que le premier acheteur A1 soit lui en négatif. Pourquoi faudrait-il se désoler ou bien se réjouir qu’il y ait un premier vendeur et un premier acheteur ? Par construction et sans ce premier pas, aucun échange n’existe et il n’y aucune honte ou gloire à acheter ou bien vendre en premier.
Le principe étant l’échange, il convient qu’à un instant ultérieur “t+x” ce soit V1 qui passe acheteur avec le crédit issu de ses ventes et A1 qui passe vendeur avec sa propre production réalisée éventuellement sur la base de ses premiers achats (par exemple des matières premières, des machines, voire du temps de formation) ou bien sur tout autre chose, c’est le principe même de l’échange.
Sans quoi bien sûr il ne s’agit pas d’un système d’échange mais d’autre chose, qu’il convient de définir autrement et de poser préalablement, afin que les hommes nouveaux puissent l’accepter ou le rejeter de façon pleinement consciente.
En résumé donc, si le système consiste à prétendre “ayant vendu en premier, je suis en positif, et du fait que je soie positif en premier, tu seras toi acheteur en premier, en négatif, et donc – pour une raison obscure qu’il reste à éclaircir – tu seras dans l’obligation d’exécuter ce que je te dirai de faire à mes conditions”, alors nous ne sommes plus du tout dans le cadre d’un système d’échange, où V1 vend à “t” à A1, puis A1 vend à “t+x” à V1 et ainsi de suite, générations d’hommes après générations d’hommes.
Si par ailleurs V1 prétend à l’instant “t+x” : “mais toi, A1, tu n’as rien à me proposer qui me convienne, donc tu dois faire ce que je te dirai de faire !”. Alors la réponse logique est toute autre : “mais toi V1, ne sachant pas à l’instant “t” ce que moi A1 je produis, ou n’étant pas décidé de m’acheter en retour à l’instant “t+x” ce que je produis, pourquoi donc avoir initié un échange ?”.
En effet dans ce cas où est la stratégie d’échange de V1 qui, ayant vendu en premier à l’instant “t”, avoue en “t+x” : “je ne vois rien à acheter à mon tour” ?! Pourquoi dans ce cas avoir vendu en “t”, si ce n’est pas pour acheter ensuite ? Où est la logique du prétendu échange initialisé par V1 en “t” ?
Qu’avait donc V1 en tête au moment “t” de sa vente, qu’il aurait prétendu vouloir échanger avec A1 au moment ultérieur “t+x” via une compensation monétaire intermédiaire pour cela ?!
V1 aurait-il une tête de linotte tel le poisson rouge !?
Aussi c’est avec un calme serein que nous pouvons conclure sur une dernière citation :
“Quand j’écoute le genre de jugements, c’est évidemment toute la logique occidentale depuis Aristote qui vole en éclats dans ma tête : mon cerveau explose comme les marrons dans le feu en hiver : paf ! Là, vraiment, trop c’est trop.”
Nous pouvons conseiller à l’auteur de reprendre ses esprits et de réfléchir posément à la notion d’espace-temps et notamment au fait que les hommes nouveaux n’ont aucune sorte de devoir envers les hommes morts, absolument rien, par le moindre début de bout de ficelle.
Qui plus est, un peu de logique un peu plus à jour (Aristote… mmhhhh), ne ferait pas de mal.
Pour finir un petit retour en Juillet 2013 à Bruxelles :