Après un petit tour à Créon où j’ai joué le désormais fameux tournoi international d’échecs (où Laurent Fressinet himself s’est autrefois distingué), il est temps de passer aux choses un peu plus sérieuses (à regrets), et de se mettre à jour des publications mensuelles de la Banque Centrale Européenne concernant la masse monétaire M3.
Le taux de croissance de M3 est toujours proche de 0, mais semble repartir difficilement vers le haut. On ne peut pas encore parler de “reprise” il faudra pour cela que M3 atteigne le taux de croisière long terme normal, de 5% / an (et on ne saurait trop déconseiller de prendre donc des prêts ou des engagements, qui devraient être théoriquement illégaux, à des taux d’intérêts supérieurs à 5% / an).
Il n’est jamais superflu de rappeler le fondamental. Dans un système monétaire tel que celui qui nous est imposé, toute la monnaie en circulation représente de la dette (dette des Etats, des entreprises, des Banques), créée par effet de levier. Si la croissance des dettes émises (donc de la monnaie totale en circulation), est inférieure au taux d’intérêt moyen dans une zone quelconque de l’économie, alors cette dette est MECANIQUEMENT irremboursable, et les faillites sont forcées, quelle que soit la réalité économique sous-jacente, puisqu’il faut rembourser des euros artificiellement créés ou pas, ici ou là, de façon totalement imprévisible et arbitraire (sur une notion de valeur unilatéralement et arbitrairement décidée par la sphère bancaire, en totale contradiction avec le droit constitutionnel).
Ce n’est donc pas tant l’économie qui est imprévisible, que le système monétaire lui même, qui créant l’incertitude totale quant à la possibilité mécanique de pouvoir rembourser les dettes contractées, crée la crainte économique, l’absence d’investissement, la répression, la récession, l’esclavage consécutif à l’assujétissement des citoyens à une impossibilité forcée de rembourser une monnaie dette artificiellement créée, et qui lui est imposée dans une totale absence de choix démocratique.
Le pouvoir est dans ce système aux mains des décideurs du système monétaire, et certainement pas au niveau des politiques. Vous pouvez lire à ce sujet le peu d’information qui filtre des accords de Bâle III en cours de négociation, et qui ne font l’objet d’aucun suivi ni politique ni médiatique.
La seule chose dont on peut être sûr, c’est que le pouvoir de création monétaire ne prévoit pas d’être changé de son mode d’émission centralisé, en mode d’émission symétrique acentré. Toute l’économie étant mécaniquement dépendante de la création monétaire, une monnaie centrée donnera une économie centrée, tout comme un minitel est fondamentalement différent d’internet du fait des protocoles permettant la symétrie ou pas des échanges de production.
Bonjour,
Merci pour cet article. Le fait que le taux de croissance de M3 est toujours proche de 0 ne veut pas dire que la BCE est en train de “faire du crédit” pour maintenir la masse monétaire ?
Bien qu’étant “stabilisée” le manque de M3 est énorme ! Cela est bien la preuve que les défauts de paiements vont continuer de manière très importante, non ?
Avez-vous une idée du temps qu’il faut pour que ce “manque” de masse monétaire touche “l’économie réelle” ?
C’est franchement bizarre … que ces informations n’apparaissent pas dans les masses médias !
Merci encore pour votre travail !
“la BCE est en train de “faire du crédit” pour maintenir la masse monétaire ?”
Sans doute oui, puisque une masse monétaire en contraction serait pire encore. D’où la politique à taux d’intérêt quasi nul + rachat de “titres” mais au bénéfice de qui ? La BCE propose-t-elle de remplacer les crédits de tout le monde à 1% ?
“Cela est bien la preuve que les défauts de paiements vont continuer de manière très importante, non ?”
Pour ceux qui ne bénéficient pas de l’injection monétaire centrale sans aucun doute.
“Avez-vous une idée du temps qu’il faut pour que ce “manque” de masse monétaire touche “l’économie réelle” ?”
N’y sommes nous pas déjà ?
Mais le problème n’est pas là, ça va “repartir”, mais qui est sauvé, qui est condamné dans le prochain “cycle” indépendamment de tout autre paramètre que la création arbitraire de monnaie ?
Simplement pour résumer : tant qu’on ne comprendra pas que la création de monnaie est du vol pur et simple quand elle se fait au bénéfice d’une classe limitée de citoyens quelle qu’elle soit, qu’on ne verra pas comment la “densité” de monnaie est répartie au sein de la population, on ne comprendra jamais le problème dans sa globalité.
M3 est un paramètre fondamental, mais insuffisant, il faudrait accéder pour bien comprendre à la répartition fine de la monnaie au sein de la population pour comprendre le problème fondamental du vol de la création de la monnaie commune.
Je découvre ce blog avec bonheur. Connaissez vous http://economiedistributive.free.fr/ et La Grande Relève. Les idées de Jacques Duboin vous plairont.
Je ne comprends pas votre affirmation :
“Si la croissance des dettes émises (donc de la monnaie totale en circulation), est inférieure au taux d’intérêt moyen dans une zone quelconque de l’économie, alors cette dette est MECANIQUEMENT irremboursable”
Pourriez vous l’expliciter ou donner un lien qui puisse permettre la demonstartion ?
Par avance emrci.
@alain
Posons une économie basée sur l’émission de dettes en année “n” Dn à croissance moyenne c < i taux d'intérêt moyen. Dn = D0*(1+c)^n La somme des intérêts versés est : Sn = Somme 0->n (Dn * i)
Qui est une somme géométrique de raison (1+c), et donc :
Sn = i/c * (Dn+1 – D0)
Ce qui fait qu’en thésaurisant les intérêts, l’argent restant en circulation en année n+1 est :
Dn+1 – Sn = Dn+1 (1 – i/c) + i/c * D0
Dn étant croissant géométriquement, ceci tend vers zéro pour i>c (déflation) … Et constant pour i=c (stagflation)
Il suffit donc d’attendre suffisamment longtemps en suivant ce rythme pour que la monnaie circulante soit incapable de rembourser la dette émise.
L’économie permettant (i > c) est donc une pyramide de ponzi temporelle.
CQFD
Voilà comment on peut créer une déflation au sein d’une masse monétaire en inflation : en créant une dette par effet de levier à un rythme de croissance inférieur au taux d’intérêt moyen.