Le crédit mutuel limité ne marche pas non plus

L’ensemble des personnes qui commencent à s’intéresser à la création monétaire par la force des choses, commence à se douter que la monnaie à création centralisée, la monnaie actuelle, n’est pas une monnaie équitable. L’Etat et les Banques ont le pouvoir quasi exclusif de création monétaire, et donc raflent tout (les Banques par l’effet de levier, les Etats par la dette infinie…).

Alors on pense “monnaies complémentaires”, mais se pose toujours la question fondamentale de comment je crée la monnaie. Certains SEL à mon grand étonnement copient le système actuel, et décident par l’organe centrale en charge de la monnaie, de créditer tel ou tel membre en fonction du travail accompli. Sous entendu que ce n’est pas l’organe central qui fera le troc de retour, mais “vous vous payerez avec les autres membres, en achetant leurs services…”, système central, évidemment pyramidal.

D’autres SEL ont compris l’avantage du crédit mutuel qui est déjà un meilleur système parce que décentralisé. Chacun a droit à la même quantité de Crédit / Débit, par exemple le SEL de Paris propose 3000 piafs de débit maximum : http://www.seldeparis.org/charte.html

Alors ces SEL rencontrent des problèmes… Forcément !

– Ne pas quitter le SEL en laissant un compte négatif (on entre on dépense tout le débit autorisé, et on repart…)
– Ne pas garder un compte créditeur, les comptes doivent être “alternativement créditeurs et débiteurs”…

Ces problèmes sont historiquement ceux liés à l’Etalon Or, qui ne marche pas évidemment. La somme de tout le travail nécessaire pour extraire l’or et fabriquer des lingots d’or, n’est évidemment pas comparable avec la somme de tout le travail nécessaire pour faire “toute l’économie”, par définition évidemment le travail pour l’or est une sous partie de toute l’économie. Il n’y a donc jamais potentiellement assez d’argent pour acheter une économie entière, la quantité d’argent quelle qu’elle soit est forcément inférieure à toute la valeur.

L’Etalon Or permettait à ceux qui thésaurisaient l’or, de provoquer (volontairement ou pas ce n’est pas la question), une déflation dans l’économie, par rareté progressive de la monnaie. Arrivé à un seuil bas les détenteurs de la seule monnaie légale font alors main basse sur tout ce qui a une valeur évidente à vil prix. C’est le problème de la thésaurisation.

Eh bien c’est exactement pareil en crédit mutuel. En fixant un débit maximum à disons 3000 piafs, pour 100 membres, il suffit de concentrer 150 000 piafs, pour faire chuter tous les prix d’au moins 50% (et beaucoup plus si la quantité de biens et services a augmenté, donc avec encore moins de monnaie en proportion de la valeur…). Le problème de la déflation c’est que ça bloque toute l’économie. On investit par 100, sachant qu’on vendra 100 demain ce qu’on a créé. On garde ses 100, et on attend que les prix touchent un plancher…

Alors vous me direz : on a qu’a limiter aussi le crédit ! Effectivement on peut dire on limite à 3000 en crédit, et donc 1 seul ne peut pas thésauriser 150 000… Mais 50 le peuvent, et ça revient au même, c’est simplement un peu moins rapide, faut que 50 le fassent en même temps, mais ça existe, ça revient à construire une classe sociale de “riches” qui profitent de leur avantage monétaire, pour garder la classe sociale pauvre pauvre (celle qui a dépensé en premier). C’est moins visible qu’avec 1 seul qui peut thésauriser mais ça revient au même. Et ça bloque aussi l’économie et les échanges…

Mais alors il n’y a pas de solution ?

Dionysos (à gauche) portant couronne et corne d’abondance 
et Ariane (à droite) relevant son voile

Mais si. Il y a une solution : c’est de créer CONTINUELLEMENT de la monnaie en crédit mutuel, par le Dividende Universel. Une faible partie de la masse monétaire (disons 5%/an) est créée et distribuée à tous en parts strictement égale. Cette création monétaire est faible donc non spoliatrice, mais diminue potentiellement sensiblement et progressivement la valeur de la monnaie trop longtemps thésaurisée… Elle incite donc à la dépense, ou à l’investissement, mais sans contrainte, et en toute transparence (la masse monétaire est TOTALEMENT connue, tout le temps). Comment ? C’est simple.

Imaginons donc une masse monétaire initiale de 300 000 piafs (chacun a droit à 3000 piafs de débit). Et une thésaurisation de 150 000 piafs par 1 ou plusieurs membres disons k membres sur 100.

On crée 5% / an de monnaie totale distribuée entre tous, donc la masse monétaire totale est de 300 000 x (1,05)^n, et la monnaie créée par rapport à l’année de référence de 300 000 x (1,05)^n – 300 000 = 300 000x[(1,05)^n – 1]. Les piafs thésaurisés par les membres qui ne dépensent pas, sont alors de 150 000 + k/100 x 300 000x[(1,05)^n – 1].

Par rapport à la masse monétaire globale cette quantité de monnaie est de :

(150 000 + k/100×300 000x[(1,05)^n – 1] )/ 300 000 x (1,05)^n , qui tend vers k/100 (n -> infini) !

C’est à dire que ceux qui ne dépensent pas voient alors leur capital monétaire proportionnel tendre naturellement, et sans AUCUNE REGLE CONTRAIGNANTE vers leur poids individuel normal par rapport à la communauté, ou autrement dit leur pouvoir d’achat relatif quant à la valeur de l’économie de l’année “n” diminue dans le temps s’ils ne font rien (ni dépense, ni investissement, simplement recevoir comme tout le monde le dividende universel).

Le Dividende Universel sans imposer AUCUNE taxe, sans imposer AUCUN appel à la consommation, et sans rien de tout cela, tend naturellement à rééquilibrer l’économie, et NE PERMET A AUCUN MOMENT à ses membres d’être sans monnaie, MIEUX : donne à chacun de ses membres une quantité de monnaie SUFFISANTE pour ne pas être l’otage de la thésaurisation des autres membres.

www.creationmonetaire.info – Creative Common 3.0

(2 commentaires)

  1. Oui effectivement s’il n’y a pas de Lois qui impliquent qu’il faut utiliser la monnaie et rembourser ce qu’on a pris, alors on peut entrer dans le SEL, dépenser son débit et repartir.

    Si on ne peut pas repartir parce qu’on doit rembourser son débit, alors celui qui thésaurise loin d’être le dindon de la farce, ayant la monnaie, a son mot à dire sur comment les débiteurs vont rembourser, ce qu’ils vont produire, comment et à quelles conditions.

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