Révolution : une création monétaire décentralisée

Le consensus s’est établi lentement mais sûrement sur l’ensemble du net. Une majorité d’analystes professionnels ou amateurs s’entend à dénoncer un système de création monétaire totalement déséquilibré. Des fonds propres et des ratios bancaires d’émission de crédits réduits à peau de chagrin, dirigent l’émission monétaire vers des bulles d’actifs, et créent un désert monétaire au centre de l’économie réelle.

Cette analyse dénonce le problème mais la solution peine à venir. Comment peut-on présenter le problème autrement pour le rendre encore plus compréhensible ? C’est un problème qu’on appellerait “densité” en mathématiques. Q’est-ce que la densité ? La densité en mathématiques est une notion qui représente la répartition. Un exemple simple est celui de la répartition de points sur un disque. Je vous le fais graphiquement :

La création monétaire par les banques avec les règles actuelles conduit à une densité de type 1, et donc tout le reste du disque est quasiment vide de monnaie.

Alors la solution ne consiste pas seulement à réduire la taille des gros morceaux de création monétaire en augmentant les fonds propres des Banques rapportés à leur création de crédit, ou celui rapporté aux dépôts. D’ailleurs, petit apparté –  on ne comprend pas comment NOTRE dépôt, peut conduire à créer un crédit pour quelqu’un d’autre ! Comment cela est-il possible sans que nous puissions toucher une part des intérêts, alors même que c’est notre dépôt qui dans ce système est caution pour le crédit octroyé ? C’est purement et simplement du vol. Je prête à B en prenant caution sur C, et c’est moi A qui récupère le profit, bravo la logique !

Une fois qu’on aura fait cela, cela réduira la différence entre le désert du disque, et les gros cailloux qui seront moins gros, mais notre création monétaire ne sera toujours pas dense.

Pour qu’elle soit dense, il faut créditer l’ensemble du disque, chacun des points du disque. Comme c’est un disque de nature discrète, chacun de ses points minimaux, étant en fait un citoyen, un homme, un consommateur, un investisseur individuel, on ne peut pas descendre en dessous, pour rendre dense la création monétaire il faut alimenter chacun de ces points. A partir de là la création monétaire sera dense.

Si l’on admet (et c’est admis généralement), que la masse monétaire globale doit augmenter d’environ 5% par an (masse monétaire globale = M3), alors on peut équilibrer les choses. Les citoyens devraient se voir créditer 2,5% / an, tandis que les Banques, devraient se voir octroyer la possibilité de faire 2,5% / an d’augmentation de crédits et pas plus.

L’Etat ? L’Etat peut se payer par l’impôt, il n’a pas besoin de création monétaire directe. Il emprunte ou il impose c’est déjà un pouvoir exhorbitant, qu’il ne sied pas d’augmenter, l’Etat n’étant pas la somme des citoyens, il en est un sous-ensemble, la somme (élus + fonctionnaires + citoyens hors état) > Etat.

L’application numérique en 2009 est relativement simple pour l’Europe. 350 milllions d’européns, 9 446 milliards d’euros pour M3, donne en création monétaire à 2,5% / an : 9446 000 / 350 x 2,5% / 12 = 56 euros par citoyen et par mois. (224 euros pour une famille de 4). Je le dis pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité ici, cette création monétaire ne préjuge pas de la répartition par l’impôt, elle y participe seulement.

Evidemment l’augmentation de cette valeur initiale calculée en 2009 (qui connaît M3 en 2010 avec le système actuel toujours actif ?), n’est pas fixe, elle doit augmenter de 2,5% / an, tout en ayant des règles strictes qui limitent la création monétaire par le crédit à 2,5% / an (donc règles de ratios – fonds propres à revoir).

Et ainsi la création monétaire est dense. Et ainsi nous rendons aux citoyens ce qui leur a été volé par le système monétaire en place durant des années, en leur rendant l’intérêt normal dû au renflouement du système, et que pour l’instant ils ne voient pas venir.Et ainsi je rends la zone euro intégralement dense en création monétaire. Et ainsi je commence à égaliser les différences sociales des revenus, et je commence à rendre moins attractifs des salaires de 200 euros / mois dans certains pays d’Europe, en rapport de la création monétaire minimale individuelle. Et ainsi je dirige l’économie de façon plus équilibrée par le pouvoir d’achat de l’ensemble des citoyens, et non plus au bon vouloir exclusif des quelques personnes ayant un pouvoir de création monétaire exclusif.

Enfin bref. La somme des individus d’une société est supérieure à tous les sous-systèmes qui le composent, Banques, Etats, associations diverses, et Entreprises. Il serait temps de comprendre cette vérité et de prendre en compte cet ensemble supérieur à tous les autres.

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Un commentaire

  1. Intéressant. Je vous ai pris au départ pour un partisan du crédit social ou une de ses nombreuses variantes. Mais vous écrivez :

    “L’Etat ? L’Etat peut se payer par l’impôt, il n’a pas besoin de création monétaire directe.”

    Vous pensez que l’Etat devrait abolir le seigneuriage, qu’on n’est plus au Moyen-Âge? On va pouvoir s’entendre 😉

    Plus sérieusement, j’ai trouvé très parlante votre image de la création monétaire décentralisée, “dense”. Je voudrais attirer votre attention que c’est exactement ce qui se passe lorsqu’aucune monnaie n’est créée mais que les prix baissent. C’est même – ou ça devrait être – la tendance séculaire normale de toute économie :
    – les gens choisissent spontanément des monnaies comme l’or dont la quantité augmente très peu (certainement pas 5% par an)
    – la quantité de biens et de services produits augmente
    – le travail nécessaire à cette production diminue sous l’effet des innovations

    Il en résulte qu’en moyenne tous les prix devraient baisser, sauf un : le prix du travail. La quantité nominale de monnaie augmenterait très lentement, mais la quantité réel de monnaie augmenterait comme son pouvoir d’achat. Ce n’est pas ce qui se passe, bien entendu, puisque la planche à billets et la planche à crédit grignotent rapidement le pouvoir d’achat de la monnaie.

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